Réveil à Carthagène
17 février 2010. Dès le soleil levant le ciel est déjà d’azur,
sans aucun nuage. Quelques points de plus en plus nombreux et
grossissant marquent avec légèreté l’immensité bleue. Les aigles
de Carthagène commencent leur ronde chaloupée au dessus des
manguiers qui bordent les rues encore endormies.
Au fil des minutes, comme tous les matins, chacun prend sa
place, imprimant le décor de son ombre personnelle et tranquille.
À toute heure à Carthagène, c’est dans la rue que tout se passe.
Une jeune femme, dorée dans sa robe fraîche et bien ajustée,
frôle le sol de ses espadrilles légères qui bruissent à peine
sur le trottoir cimenté. Un militaire au pas rapide, sac bombé à
l’épaule, la croise en souriant. Sans doute se connaissent-ils…
À toute heure à Carthagène, c’est dans la rue que tout se passe.
Bientôt s’élève la complainte du vendeur d’avocats accroché à un
chariot chargé, prêt à lui échapper. Quelques instants de plus
et c’est le marchand de légumes et de fruit à la voix éraillée
qui pousse une grande brouette de laquelle émerge une balance
jaunie et rouillée.
Des infirmières reconnaissables à leur uniforme clair, hâtent le
pas sans interrompre leur conversation animée ponctuée de gestes
larges…
Les premiers taxis ne tardent pas à entamer leur incessant
ballet jaune d’oeuf.
J’aime ces matins à Carthagène, saisis du haut d’une terrasse
vite inondée de ce soleil avec lequel les aigles de plus en plus
nombreux joueront sans fin jusqu’au crépuscule…